Études, outils et conseils pour concilier évolutions du territoire et préservation de la V.U.E.

Sommaire

Inventaires et classements  

Dans le cadre de l’élaboration du dossier de candidature, la Mission Bassin Minier a conduit une série d’inventaires de l’ensemble des éléments de l’héritage minier : cités minières, anciens cavaliers des mines, équipements, anciennes fosses, terrils…

Ce travail de terrain et de recueil de données a permis à chacun des éléments de l’héritage minier d’être référencé, cartographié, décrit et analysé. Cela a abouti à une sélection de critères de qualité patrimoniale (intégrité et authenticité) alimentant les réflexions sur la définition du périmètre du Bassin minier proposé à l’Inscription. 

Parallèlement, cette démarche d’inventaire a mis en lumière un enjeu majeur en termes d’entretien, de restauration ou de transformation. Le plan de gestion intègre ce croisement nécessaire entre approche patrimoniale et enjeu de mutation.

Couverture Cahier technique La Chaîne des Terrils du Bassin minier du nord de la France, Site classé, 2017 © Mission Bassin Minier

À partir de ces inventaires, une campagne de protection sans précédent, à travers le classement aux monuments historiques, a pu être lancée en 2009 pour 69 éléments du Bassin minier. La Mission, en partenariat avec les services de la DRAC, a participé à leur sélection et à l’élaboration de leur fiche descriptive. 

Entre 2010 et 2016, ce sont les terrils qui ont bénéficié d’un travail de classement. La Mission, en partenariat avec les services de la DREAL et dans le cadre de la loi du 2 mai 1930*, a ainsi élaboré le dossier de classement de la « Chaîne des terrils du Bassin minier du Nord de la France ».

Depuis 2007, la Mission aide les collectivités à intégrer la protection du patrimoine minier dans leurs PLU, PLUi et ScoT. Ce rôle a été renforcé par la Loi n°2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine (LCAP).

Celle-ci permet à la planification d’être également un outil de protection en rendant obligatoire la prise en compte du périmètre « Patrimoine mondial de l’UNESCO » pour en assurer la préservation.  

* Loi du 2 mai 1930 ayant pour objet de réorganiser la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque.

Conduite d’études techniques

2007 – 2008 : Étude de recensement et qualification des éléments non protégés du patrimoine minier 

L’étude a concerné les nombreux éléments du « patrimoine diffus » que représentent les cavaliers, anciennes fosses, écoles, églises.

En 2017, ces éléments étaient pour la plupart peu connus, ni reconnus pour leur intérêt patrimonial et ne bénéficiaient d’aucune procédure de protection. L’étude a permis de compléter et d’ajuster le recensement existant et de constituer une base de données unique.

Elle a mis en évidence les grandes typologies de sites avec leur contrainte de gestion, alimentant là aussi le futur plan de gestion.

2009 : Monographies de 18 cités minières

Dans le prolongement de l’inventaire des 563 cités minières, la Mission a conduit une série de monographies sur un panel de 18 cités minières.

Le travail a consisté à croiser, pour chacune d’entre elles, analyses urbaine, architecturale, paysagère et technique. L’objectif était de déterminer les marges d’évolutions possibles pour des cités amenées à être des éléments de l’inscription.

Cette analyse patrimoniale a été comparée au plan stratégique des bailleurs mettant en évidence, en regard des enjeux de protection, des objectifs convergents et divergents. 

Grâce à ces monographies, l’opération « cités-pilotes » a été lancée. Des cités destinées à être démolies ont pu être sauvées : cité Bruno à Dourges, cités Lemay et Sainte Marie à Pecquencourt, cités autour du Louvre-Lens.

Elles ont aussi abouti à des premières recommandations pour la protection et la valorisation des qualités architecturales, urbaines et paysagères des cités minières dans leur ensemble.

Cité 10 de Béthune à Sains-en-Gohelle © Philippe Frutier

2008 et 2015 : Études de qualification et de protection des paysages miniers remarquables

Les éléments de l’héritage minier, recensés, décrits, classés, ne peuvent pas être pris isolément.

Cela ne permet ni de rendre compte de la dimension paysagère de cet héritage ni de définir le périmètre du Bassin minier Patrimoine mondial dans sa dimension Paysage culturel évolutif. 

La Mission Bassin Minier a donc conduit deux études de qualification et de protection des paysages remarquables du Bassin Minier. Ces études ont révélé les portions de territoire contenant des éléments particulièrement emblématiques du paysage culturel.

Elles ont montré les liens organiques qu’entretiennent entre eux les éléments de l’héritage minier. Elles ont précisé les contours du périmètre et de sa zone tampon. Enfin, elles ont énoncé une série de recommandations pour aider les acteurs à préserver la richesse de ces paysages.

2019 : Pressions urbaines et protection de la Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE) du Bassin minier Patrimoine mondial 

Le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial comme « paysage culturel évolutif vivant ». Il continue donc d’évoluer. Cependant, cette évolution ne doit pas porter atteinte aux fondements de la V.U.E. reconnue par le Comité du patrimoine mondial. 

Dans son rapport d’évaluation de 2012, l’ICOMOS a fait une analyse précise de l’ensemble des facteurs qui seraient de nature à affecter gravement le Bien inscrit. Parmi ceux-ci figurent les pressions dues au développement urbain et la disparité entre les zones. Certaines, plus fragiles, pourraient être affectées « par des programmes de développement économique ou urbain mal maîtrisés ». 

Depuis l’inscription, de réelles avancées ont eu lieu en termes de protection et de prise en compte du patrimoine minier dans les projets urbains ou de rénovation.

Cependant, trop d’exemples (démolitions, dénaturation, fermeture de cônes de vues…) montrent encore la nécessité d’un référentiel commun à tous les acteurs que sont les gestionnaires de l’inscription (l’État et la Mission), les propriétaires et gestionnaires du Bien, les acteurs de l’aménagement et du développement. 

La Mission a donc conduit une étude sur les pressions urbaines et la protection de la Valeur Universelle Exceptionnelle du Bassin minier Patrimoine mondial. Cela permet de : 

  • préciser et objectiver les interventions qui sont de nature à porter atteinte à la V.U.E., 
  • construire un référentiel partagé pour orienter et qualifier les futurs projets pouvant impacter le Bien, 
  • poser les bases d’une veille patrimoniale adaptée à l’étendue du Bien et à la multiplicité des acteurs concernés.
Une des pages du rapport d’études Pressions urbaines et protection de la Valeur Universelle Exceptionnelle du Bassin minier Patrimoine mondial © AAPP – Mission Bassin Minier

2021 : Étude Éolien 

Le Bassin minier est de plus en plus confronté au développement de parcs éoliens. S’ils restent pour l’instant en lisière du territoire, l’impact visuel commence à poser question vis-à-vis de l’inscription au Patrimoine mondial ou du classement des terrils au titre de la loi Paysage.

La Mission Bassin Minier est régulièrement interrogée par les services de l’État sur cette question. Il s’agit ici d’un enjeu d’équilibre entre préservation de la VUE et développement des énergies renouvelables. 

Force est de constater que l’on manque de doctrine claire sur le sujet et qu’il n’est pas toujours aisé de mesurer l’impact réel de ses grandes infrastructures sur la V.U.E. L’objectif n’est pas de rejeter par principe le développement des énergies renouvelables, mais bien d’éviter qu’un développement non maîtrisé porte atteinte à la V.U.E. 

La Mission en partenariat avec la DREAL et la DRAC va donc conduire en 2021 une étude pour définir les Aires d’Influence Paysagère. L’objectif est de donner aux développeurs, aux collectivités et aux services de l’Etat, un outil d’aide à la décision pour statuer sur les futurs projets.

2018 – 2020 : Chaire partenariale “Acclimater les territoires post-miniers  » 

Une des pages du dossier de présentation de l’atelier d’étudiants de l’ENSAPL sur le secteur de Frais Marais (Douaisis) © ENSAPL 

La Mission Bassin Minier et l’École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille se sont associées à la Scuoladi Architettura de l’Université de Florence en Italie pour construire une chaire partenariale dans le Bassin minier.
Cette chaire est une sorte d’université hors les murs. Elle souhaite rapprocher, autour de la question de la production architecturale, le monde de la recherche et de l’enseignement et les acteurs du Bassin minier : collectivités, habitants, société civile, acteurs économiques et de l’aménagement. 

Le terme « climat » est pris ici au sens météorologique, mais aussi social, écologique et économique. La chaire partenariale « Acclimater les territoires post-miniers » interroge les outils de conception et les modes de fabrication du projet architectural et paysager.
L’ambition est d’observer les situations qui mêlent des enjeux de qualité patrimoniale, de dégradations environnementales, de précarité énergétique et de fragilités sociales, écologiques et économiques.

En attendant une validation par le ministère de la Culture, la chaire est en phase de préfiguration. En 2018, 2019 et 2020, elle a pris la forme d’ateliers territoriaux au cœur des quartiers miniers, de travaux d’étudiants sur des sites miniers à transformer et a permis de développer un programme de recherche grâce à une série de thèses en architecture.

2020 – 2021 : Étude pour la définition d’un outil de veille patrimoniale

La gestion d’un Bien aussi complexe et vaste que le Bassin minier Patrimoine mondial nécessite une veille patrimoniale. Celle-ci doit permettre d’anticiper au mieux les projets pouvant potentiellement impacter la VUE.
Elle doit pouvoir rendre compte le plus fidèlement possible de la manière dont évolue ce paysage culturel évolutif et vivant. 

Du projet de grande infrastructure au projet d’un propriétaire privé dans une cité minière, en passant par la transformation d’une école ou la rénovation d’un quartier, le spectre des acteurs impliqués et des impacts potentiels est très large.

Pour qu’il soit efficace, l’outil de veille devra s’adapter aux spécificités du Bassin minier Patrimoine mondial et au caractère éminemment évolutif du Bien. Afin de définir et concevoir cet outil, la Mission lance en 2020 une étude de définition pour choisir l’outil le plus approprié avec l’objectif d’une mise en place en 2021.

Des études aux guides pratiques 

La Mission Bassin Minier conçoit et diffuse des guides techniques.

Le but est d’aider les acteurs concernés par l’inscription à prendre en compte la dimension « Patrimoine mondial » dans leurs projets et stratégies d’aménagement et de gestion.

Ces guides traduisent, sous forme de conseils pratiques, les conclusions et orientations issues des études cadres menées à l’échelle du Bassin minier Patrimoine mondial. 
Les thématiques abordées concernent les champs de l’architecture, du paysage et de l’aménagement avec, comme fil conducteur, l’ambition de concilier au mieux les dynamiques de transformation du territoire avec l’exigence d’en préserver les qualités patrimoniales.

Couverture Cahier technique l’Habitat minier en Région Nord-Pas de Calais © Mission Bassin Minier

Les séminaires techniques

La Mission Bassin Minier organise et anime des journées thématiques avec les élus, les techniciens du territoire, les propriétaires et gestionnaires d’éléments inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.

Ces séminaires sont l’occasion de communiquer plus largement les résultats des études cadres menées à l’échelle du Bassin minier Patrimoine mondial.

Ils permettent d’ouvrir les réflexions à d’autres territoires à l’échelle nationale ou internationale et d’échanger sur les orientations et solutions à mettre en œuvre pour protéger la V.U.E.

Séminaire Paysages Novembre 2016 © Mission Bassin Minier

Conseils et expertise technique auprès des collectivités et des maîtres d’ouvrage

Les outils de planification tels que les SCoT, les PLU et les PLUi, sont au cœur du plan de gestion du Bassin minier Patrimoine mondial. Le Bassin minier fait figure de précurseur au rang national sur cette question.

Depuis 2007 et les premières prises en compte du patrimoine minier dans les SCoT, la question de sa préservation dans les documents de planification s’est posée de manière accrue. 
Les communes et les EPCI sont accompagnées sur cette question par la Mission Bassin Minier dans l’élaboration ou la révision de leurs documents de planification.  

Aujourd’hui, la Loi n°2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine (LCAP), rend obligatoire la prise en compte du périmètre « Patrimoine mondial de l’UNESCO » dans les documents de planification.

Couverture Cahier technique PLU Bassin minier Patrimoine mondial © Mission Bassin Minier

À un niveau plus opérationnel, la Mission aide également les collectivités et les maîtres d’ouvrages à prendre en compte ces enjeux dans leurs projets de restauration et de ré-usage des sites inscrits au Patrimoine mondial (étude de programmation, projet architectural, conditions de mise en œuvre…). 

Près de 30 000 logements sont concernés par l’inscription au Patrimoine mondial dont la grande majorité appartient à Maisons & Cités (24 000) et SIA Habitat (3 587). Cela fait d’eux les plus grands gestionnaires d’éléments du Bassin minier Patrimoine mondial et donc des acteurs centraux dans la protection de la VUE.

Ils sont amenés à effectuer de nombreux travaux de rénovation, de mise aux normes ou de transformation de ces logements.

Un référentiel a été élaboré pour prendre en compte la dimension patrimoniale lors de la rénovation des cités minières visées par l’Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier. Une charte d’engagement a également été signée entre l’État, la Mission et les bailleurs.

Ces documents ont pour objectif de s’assurer que les travaux n’altèrent pas les qualités patrimoniales des cités minières, et qu’au contraire, ils participent à leur protection et à leur mise en valeur.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.bassinminier-patrimoinemondial.org

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