Aide à la mise en œuvre de projets démonstrateurs
Sommaire
Mieux qualifier pour mieux programmer
De 2000 à 2006, la Mission Bassin Minier a appuyé la programmation des crédits Girzom. Elle a assuré la fonction de rapporteur technique sur les dossiers de rénovation de cités minières présentés à la commission régionale. Sur cette même période, elle a assumé la gestion et la réactualisation régulière pour le compte de l’État de la base dite « Sandt » portant sur l’état d’avancement de la rénovation des « Voiries et Réseaux Divers » des cités minières.
Elle a également apporté son assistance technique aux maîtres d’ouvrage locaux pour qualifier la rénovation des espaces publics tout en les aidant à mieux maîtriser le contexte financier.
À partir d’un audit qu’elle a piloté, la Mission a identifié trois pistes de travail pour optimiser l’intervention des crédits publics :
- hiérarchiser les voies,
- réutiliser les structures de chaussées,
- mettre en œuvre des techniques alternatives pour la gestion des eaux pluviales.
Elle a ensuite repéré les cités où les marges de manœuvre permettent de proposer ces nouvelles pratiques. Elle a accompagné la rédaction des cahiers des charges, le choix des maîtres d’œuvre et le suivi de la mise en œuvre des préconisations. Cette démarche a concerné une trentaine de cités dont plusieurs sont devenues des références : la cité des Bonniers à Oignies, la cité Saint Paul à Carvin, la cité 11 à Grenay.
En 2004, la Mission a été sollicitée par la Région Hauts-de-France pour identifier des sites et dossiers susceptibles d’être présentés à l’ANRU dans le cadre de la convention régionale. La démarche devait alors permettre d’adapter les objectifs de l’ANRU aux réalités de l’urbanisme minier. À la suite d’une phase de consultation des agglomérations, la Mission a participé à la production d’un document de synthèse présentant l’état d’avancement des différents projets répertoriés, intitulé « Recensement des démarches de renouvellement urbain dans le bassin minier – juin 2004 »
Parallèlement à ce travail, la Mission s’est engagée dans un accompagnement technique de plus de 15 projets de rénovation urbaine à travers le bassin minier. Elle a notamment contribué fortement à faire de la cité Nouvelle à Pecquencourt un site pilote.
En 2004 à Lens, la Mission a organisé avec l’IREV, une journée régionale sur le thème « Renouvellement urbain et territoires miniers ».
Connaître et reconnaître les cités minières
Au début des années 2000, les cités minières n’étaient pas considérées comme un patrimoine au sens culturel du terme. Elles étaient décrites avant tout sous l’angle de leur histoire, de leurs typologies, de leur nombre et du linéaire de voiries à rénover dans le cadre de la politique GIRZOM. Les ouvrages de Yves Le Maner ou de Marc et Nada Breitman en sont une illustration. Aucune étude globale n’avait jamais été alors entreprise pour mieux objectiver leurs valeurs architecturales, urbaines et paysagères afin de les prendre en compte dans les projets de rénovation.
Dès 2003, le projet d’inscrire le Bassin minier sur la Liste du patrimoine mondial va rapidement imposer une meilleure connaissance et reconnaissance de cette dimension patrimoniale. La Mission décide alors d’engager un vaste chantier d’inventaire qualifié de l’ensemble des 563 cités minières du Bassin minier. Trois ans de travail de terrain, d’enquêtes et de compilation de bases de données ont été nécessaires.
Dans cet inventaire exhaustif, chacune des 563 cités fait l’objet d’une fiche descriptive rassemblant une série d’informations concernant les logements (taille, types, ancienneté des rénovations, architecture, abords…), les espaces publics (voiries, places, parcs, mails, place de la voiture…) et les équipements.
Cet ouvrage a permis de mettre en évidence la très grande diversité des cités minières et de démontrer la place prépondérante qu’elles jouent dans le paysage urbain du Bassin minier. Il a donné lieu à une publication sur le sujet qui a changé l’image des cités minières : « L’habitat minier en Région Nord – Pas de Calais Histoire et évolution 1825-1970 ».
Dès lors s’est posée la question de la manière dont ces qualités révélées devaient être prises en compte à la fois pour définir le futur périmètre du Bassin minier Patrimoine mondial, mais aussi dans le plan de stratégie des bailleurs et dans les projets de rénovation.
Avec l’appui des ABF (Architectes des Bâtiments de France) et en partenariat avec les bailleurs, la Mission a donc élaboré une grille de critères qui a permis de juger de la qualité des cités du point de vue de leur intégrité et de leur authenticité. L’objectif était de pouvoir sélectionner celles devant être incluses dans le périmètre d’inscription. Par la suite, la réalisation de monographies sur une série de ces cités a permis de les préserver de la démolition et de lancer le programme des cités pilotes.
3 monographies de cités minières et remarquables
15 monographies de cités minières et remarquables
Imaginer les cités minières du 21e siècle
Le Bassin minier est un livre ouvert sur les évolutions de l’habitat ouvrier individuel en Europe et dans le monde. La construction des cités minières a été accompagnée d’un esprit d’innovation avec lequel il s’agit aujourd’hui de renouer. La métamorphose du Bassin minier est l’occasion d’inventer des formes architecturales et urbaines nouvelles. Il faut relever le défi d’une offre de logements neufs qui ne rentre pas en concurrence avec le parc ancien mais qui, au contraire, sache en tirer le meilleur parti. Qu’elle en préserve le caractère, sa Valeur Universelle Exceptionnelle, tout en proposant de nouveaux modèles d’habiter adaptés au territoire et à ses nouveaux enjeux.
C’est dans cet esprit que la Mission, à la demande de la CAHC et des communes de Rouvroy, Drocourt et Hénin-Beaumont, a organisé et animé un concours d’idées dans le cadre d’EUROPAN 8.
Découvrir les projets :
Les équipes des deux jeunes architectes, Fabien GANTOIS et David JOUCQUAND, accompagnés par le bureau d’étude TRIBU, étaient invitées à inventer les cités minières du 21e siècle. Elles ont eu à proposer des solutions innovantes pour requalifier les franges du Parc des Îles. Leurs travaux ont abouti à un diagnostic et un schéma de secteur. Ils ont alimenté les documents d’urbanisme des communes ainsi que la stratégie de requalification urbaine de la CAHC autour du Parc des Iles.
Aujourd’hui, les trois cités ciblées par la démarche ont été intégrées au programme de l’ERBM, preuve que des démarches exploratoires peuvent servir le territoire.
Par ailleurs, depuis 2017, la Mission travaille en partenariat avec l’Ecole Nationale d’Architecture et de Paysage de Lille, le Département d’architecture de l’Université de Florence ainsi que les bailleurs Maisons et Cités et SIA Habitat. L’objet de la démarche est de mettre en place une chaire partenariale dans le Bassin minier intitulée « Acclimater les territoires post-minier ». Dans ce cadre, des étudiants, des chercheurs français et italiens prennent comme territoire d’études les cités minières et leur environnement pour questionner la manière d’habiter le Bassin minier au 21e siècle.
Les « cités pilotes » : application d’une approche intégrée
La dynamique d’inscription du Bassin minier sur la Liste du Patrimoine mondial a été l’occasion de proposer une nouvelle manière d’envisager la conduite d’un projet dans les cités minières. Au-delà des exigences de protection du patrimoine, le plan de gestion pour le Bassin minier Patrimoine mondial vise également à faire des cités minières un parc social adapté aux enjeux du territoire et aux aspirations de ses habitants.
En 2009, un moratoire a permis de préserver plusieurs cités minières de la démolition, ce qui aurait remis en cause l’inscription du Bassin minier. Cet épisode a constitué une belle occasion de mettre en pratique les objectifs visés par le plan de gestion.
De 2010 à 2019, la Mission a ainsi conduit le programme des cités-pilotes à la demande du Conseil Régional et dans le cadre d’un fond dédié. Cinq cités concernées sont devenues le terrain d’expérimentation d’une nouvelle méthode de travail qui a fait émerger pour la première fois la notion de projet intégré.
Protection des valeurs architecturales, qualification des espaces publics, programmation urbaine, attractivité des logements, performance thermique, approche sociale et recherche de mixité sociale, concertation avec les habitants… : l’approche est globale.
Ces projets démonstrateurs ont fait l’objet d’un « Bilan à mi-parcours du premier programme des cités pilotes du Bassin minier », qu’il faudra compléter par une évaluation à plus long terme. Ils ont d’ores et déjà fortement inspiré la manière d’aborder la rénovation des cités minières.
Le « rapport Subileau » s’est ainsi appuyé sur ces expériences pour proposer une feuille de route pour la rénovation massive des cités minières.